Les mésanges


Tout le monde connaît la mésange (famille des paridés) car voilà bien un oiseau qui ne cherche pas la discrétion. La plus commune est la mésange charbonnière, (Parus Major), Mees en flamand.

Elle n’est pas comme on pourrait le croire couleur charbon, cette teinte triste ne convient guère à un oiseau aussi exubérant. Pourtant cette mésange doit bien son nom à la couleur noire mais que l’on ne trouve que sur la tête et en une longue bande sur la poitrine, et encore la tête est agrémentée de deux grandes joues blanches. La barre noire, elle, est très étroite chez la femelle, plus large chez le mâle, en forme de sablier. Le reste du corps est plein de couleurs, jaune citron pour la poitrine, jaune-vert sur la nuque, du bleu au gris en passant par le vert pour les ailes et la queue.
La mésange, facile à reconnaître, n’est pas farouche et en hiver elle vient manger dans la gamelle du chien, côte à côte avec le rouge-gorge. Comme le rouge-gorge, elle sautille dans les haies et les vergers tout près des maisons.
Si le rouge-gorge apparaît surtout en hiver, la mésange elle restera toute l’année près de l’homme. C’est que la mésange est très casanière puisque son territoire n’est que de 3 ou 4 ha, qu’elle ne quittera pas durant toute son existence.
Mais ce petit coin de nature sera inlassablement sillonné, par la mésange qui ne cesse de voleter de place en place de se démener sur une branche dans les positions les plus diverses, accrochée parfois la tête en bas. Ce sont ses pattes puissantes qui lui permettent de s’accrocher n’importe où et n’importe comment. Tout cela non pas pour s’amuser mais pour chercher de la nourriture qu’il lui faut en abondance, énergie pour réchauffer son petit corps. La mésange charbonnière, la plus grande des mésanges (14 cm), n’est pas plus grande qu’un moineau mais il lui faut tous les jours une vingtaine de grammes de nourriture ce qui correspond à son propre poids. Elle affectionne particulièrement les insectes : moucherons, chenilles, petits papillons mais elle mange aussi en cas de pénurie les graines des arbres, ainsi que les baies des arbustes (aubépine, sureau ou mûres) en automne ou les graines des herbes et autres plantes sauvages. On les verra même parfois en cas d’hiver rude et si elles sont trop nombreuses, manger les bourgeons des arbres.
Elles sont cependant rarement en trop grand nombre car comme bien d’autres espèces le nombre de mésanges tant à diminuer et cela malgré leur capacité d’adaptation. L’homme peut pourtant aisément aider ces petits oiseaux à vivre. Peu farouches, ils ne dédaigneront jamais la nourriture déposée à leur intention. Cela pourra être simplement un morceau de gras, couenne de lard ou pain de végétaline par exemple, accroché à l’aide d’une ficelle au bout d’une branche. La mésange, trapéziste hors pair, pourra picorer sans peine la nourriture. Par contre le chat, premier prédateur des oiseaux dans notre région, ne pourra attraper ni la nourriture, ni des oiseaux. (On considère généralement que le chat domestique est un animal qui ne joue pas le jeu de la nature puisque inféodé à l’homme il bénéficie de la nourriture, du confort et de la protection que celui ci lui donne. En réalité il chasse comme un animal sauvage qui aurait besoin de cette nourriture pour survivre). La graisse est bien utile en hiver pour donner de l’énergie contre le froid mais des mangeoires emplies de graines de tournesol ou autres seront aussi bien appréciées. La nourriture de la mésange est considérablement liée à la présence d’arbres, d’arbustes et de haies. Le verger traditionnel sera pour elle un territoire idéal, elle y trouvera à se nourrir mais aussi à nicher dans les creux des vieux arbres.

La mésange est cavernicole, elle fait son nid dans des trous, dans des petites niches abritées. Nous n’avons pas en Flandre de rochers, aussi il ne lui reste pratiquement que les arbres creux comme niches naturelles. Or les arbres creux se font de plus en plus rares. Heureusement encore une fois, pour la mésange, elle n’est ni farouche ni regardante sur la nature de la cache qui lui servira de nid et l’homme lui fournit, sans le vouloir, une foule d’endroits où faire ce nid, le plus connu est la boîte aux lettres mais ce sont aussi des tuyaux oubliés, des anciennes pompes et de nombreux poteaux de clôture creux. Mais ces poteaux sont le plus souvent la dernière demeure de l’oiseau qui, ignorant le danger, s’y aventure et tombe au fond du piquet dont il n’arrive plus à sortir. On a ainsi trouvé dans certains poteaux des cadavres s’entassant sur soixante-dix centimètres de hauteur. Aussi pensez donc à obturer le haut des poteaux que vous enfoncez en terre. (Pour
cette raison France Télécom a mis avec l’aide des associations un cache en haut de tous ses piquets métalliques, Yser Houck y participa). On est au cœur de l’hiver quand la mésange se met en quête d’un abri pour faire son nid.
En janvier la mésange mâle cherche un endroit pour faire le futur nid. Elle prend son temps, pour choisir celui qui lui paraîtra le meilleur puis se met immédiatement à baliser les limites du territoire qu’elle s’est fixée. Alors en plein cœur de l’hiver on entendra chanter la mésange en des endroits bien visibles afin que chacun sache qu’on est là à la frontière de son domaine. Elle volera ainsi de place en place tant pour marquer son domaine que pour attirer les femelles. La mésange défendra d’ailleurs son territoire avec beaucoup de conviction, elle est hargneuse et bagarreuse vis à vis des intrus, on dit
d’ailleurs souvent qu’elle a mauvais caractère.
C’est une période de l’année où vous ne pouvez pas manquer de la repérer, elle est la seule à chanter si tôt en saison et elle fait par ailleurs beaucoup de remue-ménage parmi les arbres dépourvus de feuillage. Si le lieu pour nidifier est choisi par le mâle, c’est le femelle qui fera le nid ou plutôt le lit. Il ne sera pas constitué de rudes brindilles mais uniquement de matériaux très doux et confortables, crins de cheval, laine de mouton, poils de lapin et mousse moelleuse qui s’entasseront sur plusieurs centimètres. On est en avril ou fin mars quand la femelle commence à pondre. Elle pondra un oeuf par jour jusqu’à constituer une jolie collection de huit à quatorze oeufs et même d’avantage, petits oeufs blancs tachetés de roux de 1,5
à 2 cm de longueur. Une fois tous les oeufs pondus, la femelle se met à couver, seule. Le mâle se contente d’apporter de la nourriture à la femelle bloquée sur le nid. Il semble que le nombre d’œufs pondus soit fonction de la nourriture disponible dans les environs pour nourrir les oisillons. Oisillons qui écloront après 13 jours d’incubation. A la naissance les poussins qui n’ont pas le moindre duvet, restent fragiles et la femelle continue à les réchauffer durant quelques heure. Très vite cependant elle aidera le mâle à les nourrir, essentiellement de chenilles. A deux ils feront 500 et même 800 aller-retour quotidien pour satisfaire leur appétit. Comme chez tous les oiseaux, voire tous les animaux, les parents ne nourrissent pas équitablement tous leurs petits mais donnent la becquée au premier venu ou plutôt à celui qui crie le plus fort et qui a le bec le plus ouvert. Ainsi le plus fort grandira plus vite et le plus faible, s’affaiblira toujours d’avantage, sélection naturelle impitoyable. Le nourrissage, éreintant pour les parents, se poursuit durant 16 à 21 jours au bout desquels les jeunes se trouvent incroyablement serrés au fond de leur trou. Le nid restera cependant parfaitement propre durant toute la période, les parents le nettoyant régulièrement, ôtant coquilles et excréments. L’envol s’opère progressivement les jeunes restant un certain temps non loin du nid. Incertains et maladroits (ils découvrent pour la première fois la lumière du jour et le
paysage alentour) ils sont alors très vulnérables et deviennent une proie facile pour les prédateurs, beaucoup disparaissent alors. Pour compenser les pertes subies parmi les jeunes, les parents ne tarderont pas à développer une seconde nichée (juin-juillet). Cela signifiera un nouveau ballet incessant pour nourrir les petits, on a pu calculer qu’en une vingtaine de jours de nourrissage, le couple de mésange attrapait 10 000 chenilles ou insectes, soit 500 par jour. Ce sont donc de fameux insecticides naturels qui malheureusement meurent souvent victimes des insecticides chimiques, qu’ils ingurgitent en même temps que les insectes. La diminution des lieux de nidification (arbres creux) est aussi responsable de la raréfaction des mésanges.

La mésange charbonnière a chez nous une cousine que l’on rencontre assez couramment, la mésange bleue (Parus Caeruleus). Elle est plus petite (11-12 cm) et plus colorée que la mésange charbonnière, le sommet de sa tête est bleu, de même que ses ailes. De mœurs voisines de la mésange charbonnière, elle est également facile à repérer.

 

La mésange nonnette (Parus Palustrie) vit également dans nos régions mais vous ne la rencontrerez guère dans nos Flandres, elle est beaucoup moins colorée que les précédentes son plumage étant un dégradé du beige au marron.

 

 

Enfin la mésange à longue queue (Aegithalos Caudatus) que l’on hésite à classer réellement parmi les mésanges (elle n’est pas cavernicole), se rencontre dans des lieux privilégiés comme les landes de Blendecques tout près de chez nous; espérons qu’elle redescendra un jour jusqu’à nos Flandres.

Les différentes mésanges se distinguent également par leur chant. La mésange charbonnière est parfois appelée «le petit serrurier» en raison de son chant métallique et répété d’un ton uniforme, une série de ti-ti ti-ti chaque syllabe étant chantée sur deux notes.
La mésange bleue, elle, a un chant descendant puis montant en arabesque, séries de ti-tii-ti accentués sur la deuxième syllabe.

Construire un nichoir pour mésanges


Le nichoir idéal pour oiseaux est ce que l’on appelle le nichoir à balcon. Le «balcon» forme en quelque sorte un sas qui évitera que les prédateurs n’aient accès direct au nid, qui sera un palier d’envol pour les oiseaux.

Le nichoir devra être construit en bois non raboté, il sera plus facile aux oiseaux de s’y agripper. Les planches devront être suffisamment épaisses, 20 mm environ, le bois sera alors un meilleur isolant à l’humidité aux différences de chaleur... Il n’est pas nécessaire de peindre votre nichoir, ni de le traiter les produits utilisés sont rarement bons pour la santé des oiseaux. Il faudra poser le nichoir suffisamment haut à plus de 2 mètres du sol ou mieux au-dessus de 3 mètres, dans un endroit tranquille, éviter l’exposition Ouest toujours humide et venteuse. Le nichoir sera fixé au tronc d’un arbre mais il faudra éviter de le poser sur une branche, car il serait trop facilement accessible par les prédateurs. Pour ne pas abîmer l’arbre il ne
faudra pas clouer le nichoir mais le fixer à l’aide de fils de fer. Pour que le fils de fer ne s’incruste pas dans l’arbre qui grandira, mettre quelques branchettes ou lattes entre le fils de fer et l’arbre. Faute d’arbre l’on peut ainsi fixer le nichoir sur un mur.

Pour avoir le dessin du nichoir ci-contre en grand il vous faut cliquer dessus.

Le haut du nichoir est muni d’un couvercle qui pourra s’ouvrir (un morceau de cuir fera un très bonne charnière). Le couvercle devra surtout servir à vider de temps en temps le nichoir des nids anciens (une fois tous les 2 ou 3 ans). Il vous permettra aussi de regarder si votre nichoir a des hôtes, mais si vous y voyez des d’œufs ou des petits il ne faudra ouvrir le couvercle que très rarement et surtout ne toucher ni les d’œufs ni les oisillons, les parents les délaisseraient aussitôt. Enfin le plus important dans le nichoir est sans doute le diamètre du trou d’entrée qui devra correspondre à la taille de l’oiseau pour lequel le nichoir est destiné. Le trou pourra être carré mais mieux vaut qu’il soit rond. Pour une mésange charbonnière le trou devra avoir 32 à 34 mm de côté, pour une mésange bleue ou une mésange nonnette 27 à 28 mm.

Les renseignements concernant les nichoirs sont tirés de la revue «La Hulotte» (N°10 de mars 1973), que nous vous recommandons si vous voulez en savoir plus.

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