LA FABRICATION DES CORDES
Touw draeyers
A la fin du XVIIIème siècle une bonne partie des marais de Nieurlet étaient couverts de chanvre et en 1830 la profession de chanvrier y était très répandue (plusieurs dizaines de personnes).
Dans les terres non inondables on cultivait beaucoup de lin, culture qui donnait du travail à de nombreux hommes durant tout lhiver pour le teillage (séparation de la fibre et de lécorce) on les appelait les écangueurs. Ils subsistèrent dailleurs jusquau cœur du XXème siècle, avant que les teillages mécaniques apparaissent à partir de 1930.
Le chanvre et le lin sont deux plantes fort semblables et leurs fibres très résistantes étaient tissées, elles servaient également à faire des cordes. Le lin ne servait quà faire des cordes à usage particulier, très résistantes. Le chanvre disparut bientôt, le sisal importé dAsie le remplaça.
Quelle que soit la matière, les habitants de nos campagnes faisaient eux-mêmes leur corde selon une technique très ancienne et universellement utilisée. La même que celle employée par les plus prestigieuses manufactures, telles que la corderie royale de Rochefort qui fabriquait les cordages des navires. Une corde nest autre que plusieurs fils torsadés.
Pour obtenir une corde on tendait des fils entre un rouet et
un carré. Le rouet était muni de 4 crochets, parfois 3, on
fixait lextrémité dun fils à lun des
crochets puis on déroulait le fils jusquau carré qui lui
ne comportait quun seul crochet. On ramenait ensuite le
fils jusquau rouet et ainsi de suite. Une fois le fils
disposé sur tous les crochets, on commençait à fabriquer la
corde.
Une personne tournait alors les crochets du rouet à laide
dun système très simple mais qui permettait à tous les
crochets de tourner à la même vitesse. Le rouet était fixe et
le tourneur se tenait sur le pied du rouet pour
limmobiliser. A lautre extrémité une autre personne
avait glissé entre les fils un toupin, pièce de bois avec des
encoches qui évitait que les fils ne semmêlent. Cette
personne maintenait le toupin près du carré tandis que son
collègue tordait les cordes. Lorsque lon faisait de
longues cordes on posait en outre un chevalet entre le rouet et
le carré. Le chevalet était un « T » qui portait
une rangée de dents en bois, pointées vers le haut. Le chevalet
aidait lui aussi à maintenir les fils séparés. Le carré, muni
de roues, avançait doucement au fur et à mesure que les fils se
torsadaient.
Lorsque les fils torsadés (torons) commençaient à vriller, le
cordier poussait le toupin vers le rouet tandis que son aide
tournait le crochet du carré dans le sens opposé à la
première tension, ainsi la corde ne se détord pas. Corde qui
apparaît progressivement derrière le toupin. Il était
important de donner une bonne tension aux fils.
Beaucoup de fermes possédaient le matériel nécessaire à faire des cordes. Matériel aussi simple quingénieux qui permettait de faire de fines cordes pour tenir les bêtes ou de grandes et longues cordes, les cordeaux (voeriauw) qui enveloppaient les chariots de gerbes de blés.
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